« La source vive » / Festival International de jardins de Chaumont sur Loire 2020

Cette année, l’édition 2020 du festival met à l’honneur :

« les Jardins de la Terre , retour à la Terre  Mère »

 

Associé à l’Atelier DLV, et à François Piednoir, JARD/IN/ PAYSAGE présente la  » Source vive » dans le jardin N°6.

Villa d’Este/ Diane d’Éphèse, déesse de la fertilité.

Voici comment nous avons abordé le thème.

La source vive

Gaïa, un retour à la source, une relation qui aujourd’hui devrait tendre à ne plus séparer l’homme de la nature.

Ici le retour à la source s’imprègne du jardin de la Villa d’Este et de ses jeux d’eau pour symboliser la vie. La déesse-mère expose autant sa maternité que sa fertilité. Comme emblème caché de la connaissance, la fertilité de la terre qui s’exprime ici avec profusion, nous invite à sortir d’une vue catastrophique qui verrait l’humanité mourir de tant de négligences et de mépris.

Ce qui est considérée est une terre, source de fertilité, au sens propre comme au figuré. Produire une nourriture mais s’en nourrir avec raison, la connaissance à son tour fertile de solutions.

Du mur en pisé, l’exubérance de la fontaine propose à la fois fragilité et générosité. Le mur n’est plus un obstacle, « le droit dans le mur », mais la vie contradictoire aux exigences d’enfant gâté. Le lait de chaux n’est pas tant le symbole du lait maternel; utilisé dans le jardinage comme antiseptique, il se plie à la métaphore d’une guérison et d’une prise de conscience de l’interdépendance entre l’Homme et la nature.

En renouant avec le lait maternel l’Homme rend hommage et est invité à s’approprier le caractère vertueux d’une relation harmonieuse avec son environnement.

En référence à de nombreux textes, le jardin s’exprime à partir du schéma d’un estuaire aux formes élégantes et arrondies. Le milieu humide reconstitué entre ses bras évoque le berceau de la diversité et à travers lui son potentiel biologique. Sur les pourtours, l’accent est donné à la forêt, à la cueillette, nourriture nomade en opposition à celle sédentaire qui fonde le dépérissement des sols.

En marchant, le visiteur peut expérimenter les sensations meubles et dures de différents sols, entre autre par une interactivité ludique. Dans le milieu fragile qu’est la zone humide, des mains se soulèvent et lui font signe de sa présence. Les sons fluides de la fontaine se heurtent au son minéral du gravier noir piétiné.

De cette connaissance et de l’état des lieux d’une théorie de l’effondrement, le jardin se veut optimiste. Il croit en une relation où l’humain retrouve son caractère « terrestre » pour préserver le contact avec sa Terre-mère. Ainsi, l’acte nourricier garantit la vie sans que celle de l’Homme ne la mette en danger en retour. Il ne s’agit plus de se nourrir mais de grandir et d’évoluer en protégeant le vivant. La Terre-mère est pour le jardin ce que le jardin est pour le visiteur. La question de l’abondance qui est mise en avant à travers la fontaine de lait de chaux et les arbres fruitiers, celle de la source de vie à travers le milieu humide, veulent générer l’idée qu’il s’agit maintenant de préserver plutôt que de consommer.

En sortant du jardin, l’espace proposé met le visiteur en mesure de se confronter à ce qu’il pourrait advenir d’un sol abandonné à ses caprices. De cette perception d’arrachement, de déracinement, le visiteur peut se redonner la chance de voir un nouvel échange des propriétés de chacun (entre terre et Homme), comme une puissance d’avenir.

 

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